#BOURSE #ETUDIANTAIDANT
La survenue du handicap au sein d’une famille modifie les repères des membres du foyer. S’ajoute au traumatisme, un véritable bouleversement qui nécessite l’adaptation et la réorganisation familiale. De surcroît, lorsqu’il s’agit d’un des parents qui est porteur du handicap.
Au-delà du sentiment de culpabilité du parent handicapé d’imposer à la cellule familiale les conséquences de sa déficience, le développement, l’épanouissement et surtout l’éducation des enfants revêtent un défi supplémentaire compte tenu des nombreuses contraintes auxquelles ces familles sont exposées et doivent faire face. Comme tous les parents, ils espèrent le meilleur pour leur(s) enfant(s) en veillant à leur intégration sociale et en leur assurant un avenir professionnel.
De nombreux enfants éprouvent un sentiment d’obligation, de responsabilisation accrue et précoce, les amenant à devenir « aidants » au quotidien.
En France, la prise en compte, la reconnaissance et l’accompagnement spécifique des jeunes aidants manquent cruellement alors que leur situation oblige à davantage de complaisance.
A la suite d’un classement mondial concernant le niveau de reconnaissance et de mise en place de politique publique à destination des jeunes aidants, la France a été classée comme pays « émergent ».
Pour autant, la question globale de l’aidance s’est invitée tardivement dans le débat public et le statut d’aidant n’est toujours pas attribué aux étudiants. Les jeunes adultes aidants demeurent une réalité invisible aussi bien socialement que légalement. Ils sont aidants de leur parent en situation de handicap et co-aidant du parent valide. Ils sont aidants or, eux-aussi ont besoin d’être aidés.
Malgré leur nombre croissant, ces invisibles endossent un rôle multidimensionnel ; ils accompagnent en silence et restent des acteurs de l’ombre, peu conscients de leur statut, soumis à de nombreuses tensions dans un contexte d’isolement accru.
La plupart de ces jeunes ne se perçoivent pas nécessairement comme aidants et ont à gérer, en parallèle de leurs études, une charge logistique, mentale et financière. Ce quotidien a un impact sur les conditions dans lesquelles ils évoluent mais aussi sur leur santé autant sur le plan physique que psychique. Beaucoup d’entre eux se limitent dans leurs ambitions professionnelles, évitant ainsi de nouvelles contraintes pour la famille.
À ce titre, j’ai déposé en septembre dernier, une proposition de loi afin que tout étudiant, dont un des parents est porteur d’un handicap, et dont le taux d’incapacité est supérieur à 80%, puisse bénéficier d’une bourse d’État à l’échelon maximal.
Mercredi dernier, la commission des affaires culturelles du Sénat, réunie en LEC, a adopté à l’unanimité, après avis favorable du Gouvernement, la proposition de loi en y intégrant quelques ajustements.
Ce mardi 30 mai, en séance, le Sénat a adopté à l’unanimité, la proposition de loi pour permettre aux étudiants aidants d’accéder automatiquement à une bourse d’études.
Je me satisfait que cette initiative législative ait pu mettre en lumière ces étudiants aidants en créant un « effet d’alerte » auprès du gouvernement, conduisant le Président de la République a annoncé, en clôture de la Conférence sur le Handicap, « que les étudiants aidants de parents en situation de handicap bénéficieront d’un accès facilité aux bourses sur critères sociaux par une bonification de quatre points de charges supplémentaires ».
Au lendemain du vote en séance publique, je me réjouis :
– d’un vote transpartisan, et unanime, sur les bancs du Sénat en faveur de ces jeunes adultes;
– d’une reconnaissance collective de la situation singulière des étudiants aidants qui sont confrontés à des difficultés sociales et qui appelle, pour reprendre les propos de Madame la Ministre, à « une réponse adaptée sur plusieurs volets ».
– d’une volonté de la rapporteure, en complément du soutien financier apporté aux étudiants aidants, d’adapter leur rythme d’études et leur accompagnement au sein des établissements universitaires.
Désormais le texte est déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale afin d’être inscrit à l’ordre du jour et examiné par les députés.
Mon intervention en hémicycle: