J’ai souhaité interroger Madame Agnès Buzyn, Ministre des solidarités et de la santé, sur la vaccination contre les papillomavirus, responsables notamment de nombreux cancers.
Texte de la question écrite
M. Jean-François Rapin attire l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la vaccination contre les papillomavirus, responsables notamment de nombreux cancers.
Dernièrement, cinquante sociétés savantes ont plaidé pour l’extension de la vaccination aux filles et aux garçons afin de prévenir le risque d’infection par les papillomavirus et de lutter efficacement contre les maladies qui en découlent. Les chiffres avancés par ce collectif ne peuvent qu’interpeller. Les papillomavirus seraient à l’origine, chaque année, de 6 300 cancers et de 30 000 lésions précancéreuses.
La haute autorité de santé travaille actuellement sur le sujet de l’extension de la vaccination, toutefois, au-delà de la volonté de rendre cette vaccination universelle, un chiffre doit attirer l’attention, celui de la couverture vaccinale. Chez les jeunes filles, ce taux se situe aux alentours des 20 %, l’un des plus bas d’Europe.
Au-delà de la généralisation indispensable du dépistage du cancer du col de l’utérus, la sensibilisation des jeunes Français, filles ou garçons, ainsi que de leurs parents, la vaccination pouvant s’effectuer dès l’âge de 11 ans, est également primordiale. Trop de personnes ignorent encore ce qu’est le papillomavirus, ce qu’il peut engendrer et restent méfiantes à l’égard de ce vaccin, qui plus est, relativement jeune.
Aussi, il lui demande ce que compte faire le Gouvernement, en lien avec les professionnels de santé, pour mieux informer et sensibiliser les jeunes Français et leurs parents afin de prévenir ces cancers et d’éradiquer la circulation de ce virus, responsable, chaque année, d’environ 1 100 décès.
Texte de la réponse
La vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) est recommandée pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans. Il existe un rattrapage vaccinal pour les jeunes filles et jeunes femmes entre 15 et 19 ans révolus avec un schéma vaccinal à trois doses. Cette vaccination est également recommandée pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l’âge de 26 ans avec un schéma vaccinal à trois doses. Plusieurs pays ont étendu la vaccination contre les HPV à tous les garçons.
En France, la Haute autorité de santé a été saisie de cette question en février 2018. Ses conclusions sont attendues pour l’été 2019. Les dernières estimations de la couverture vaccinale de ce vaccin indiquent une légère augmentation par rapport à l’année précédente. Ainsi, en 2017, la couverture vaccinale à 16 ans pour trois doses était de 21,4 % (+ 2 % en un an) et la couverture vaccinale à 15 ans pour une dose de 26,2 % (+ 3 % en un an).
Cette couverture reste cependant encore trop insuffisante. Depuis mars 2017, un site internet grand public sur la vaccination (vaccination-info-service.fr) permet à tous les citoyens d’être informés sur les infections et les vaccins qui les préviennent. Ce site s’est enrichi en 2018, d’une partie réservée aux professionnels de santé. Des actions ciblées visant à mieux informer sur la vaccination contre les HPV sont menées en particulier durant la semaine européenne de vaccination qui se déroule en avril chaque année. En 2017, l’Institut national du cancer a diffusé des documents et outils à destination soit du grand public soit des professionnels de santé afin de promouvoir cette vaccination comme, par exemple, un document de Questions/Réponses sur la vaccination ou encore un courrier personnalisé portant sur le dépistage du cancer et sur la vaccination, à l’ensemble des professionnels de santé concernés. Par ailleurs, dans le cadre du plan cancer 2014-2019, un projet de recherche décliné en plusieurs études interventionnelles va débuter en septembre 2019 dans plusieurs régions de France métropolitaine. Ce projet multidisciplinaire devrait permettre de mieux comprendre les réticences et d’identifier des actions pouvant favoriser la vaccination contre les HPV. Certaines de ces études concerneront les jeunes filles et leurs parents, d’autres concerneront les médecins prescripteurs de vaccin. Enfin, une disposition de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 va permettre la mise en place d’une expérimentation visant à améliorer les connaissances et les pratiques des professionnels de santé pour in fine améliorer la couverture vaccinale de ce vaccin. Deux régions pilotes, la Guyane et le Grand Est, vont initier cette expérimentation dès la rentrée 2019 pour une durée de trois ans.